Trois idées reçues qui polluent … Parfois plus encore que les gaz à effet de serre.
Le dérèglement du climat cache parfois celui tout aussi grave de la plus élémentaire lucidité, pourtant si nécessaire. Allons à l’essentiel…
Première idée reçue : parler de crise climatique.
Une crise est une manifestation soudaine, violente et inattendue : pour la covid, comme pour l’appendicite, c’est extrêmement désagréable, mais on intervient pour résoudre l’inconvénient, puis « on se remet » et tout redevient presque « comme avant ».
Comprenons et acceptons l’idée que le dérèglement climatique s’inscrit dans le temps long, qu’il n’y aura pas un « après », et que les générations concernées ne pourront, dans le meilleur des cas, que limiter l’ampleur de ce dérèglement, dans des proportions qui le rende supportable … Au moins pour certains d’entre nous.
Deuxième idée reçue : parler de victoire ou de défaite
On ne gagnera pas ! Il n’y aura ni perdant ni gagnant. Certains s’adapteront, d’autres moins, d’autres encore pas du tout.
De nos efforts, en rythme comme en intensité, dépendent les « pertes en ligne » que subira l’humanité. Mais il y aura (il y a déjà) des pertes en ligne. Sur ce seul critère, la défaite (si l’on veut garder l’image) est déjà actée.
Pour ceux qui connaissent Nicholas Taleb, beaucoup parmi les forts comme parmi les faibles disparaitront, au profit des « anti-fragiles »
Troisième idée reçue : parler de limitation des flux (de gaz à effet de serre)
Le sujet qui nous occupe n’est en rien un problème de flux… Mais bien un problème de stock. Et ceci pour au moins deux raisons.
La première est que tous les experts s’accordent à dire que le pic d’émission est à venir avant 2030 (GIEC, CITEPA, EMBER, AIE, McKinsey, etc..) même si leurs chiffres diffèrent selon les scénarii. Sur ce point la messe est dite, et c’est tant mieux.
La seconde est que les émissions de la planète en 2023 représentent moins de 1% des gaz à effet de serre (CO2, méthane, protoxyde, ozone, etc..) déjà en suspension… Nos efforts doivent donc se concentrer sur le stock : ces 99% déjà émis et dont la durée de vie, si l’on ne fait rien, se compte parfois en siècles !
Débarrassés de ces idées reçues, il nous reste bien sûr à changer nombre de nos habitudes, à innover, imaginer, bousculer… Et rendre visible…
Sans visibilité, pas d’adhésion !
Au milieu des années 70, un « illuminé » (Michel Crépeau – maire de La Rochelle) bloque les constructions sur le littoral, étend les espaces verts, met en place un service de recyclage des déchets (tri sélectif), inaugure le premier secteur piétonnier de France et un libre-service gratuit de 400 vélos.
Paris, Londres, Amsterdam, New-York, Tokyo, …, attendront 30 ans pour cesser de le couvrir de noms d’oiseaux et lui emboiter le pas !
Attendre 30 ans de plus n’est pas une option !