L’illusion d’un avenir sous contrôle a disparu.Cette disparition remet en cause les paradigmes qui fondent la décision, qu’elle soit individuelle, collective, ou en entreprise
Une idée reçue s’était imposée depuis quelques décennies : notre monde suit un schéma globalement programmé, globalement prévisible, globalement sous contrôle.C’est à la fois confortable et rassurant, tant en matière de décision dans l’entreprise qu’en matière de formation des décideurs de demain.
Au point que le « comment faire » (comment gérer les micro-aléas d’un avenir quasi connu) a pris le pas sur le « quoi faire » … Et je ne parle même pas du « pourquoi faire » !
En entreprise (mais ailleurs aussi) prévoir est devenu un métier lucratif puisqu’il rassure l’autre. Mais il se résume – trop souvent – à décliner de façon marginale la vision toujours plus consensuelle de cet avenir faussement identifié :
- une pincée de technologie (pardon, de « TEC »),
- une pincée d’humanisme (pardon, de « happyness management »),
- une pincée de banalité (pardon, de « disruption »),
Une recette censée générer un formidable effet de levier sur les taux de rentabilité de nos entreprises, l’épanouissement de nos collaborateurs, le niveau de bien être global, jusqu’à (tant qu’on y est !) la disparition des inégalités homme/femme, nord/sud, etc…
Mais le hasard est formidable... Sous les traits d’un COVID inattendu, il vient nous rappeler que nous vivons sur une illusion. Celle que N.Taleb appelle, avec une incroyable lucidité, « apprendre aux oiseaux à voler » … Comme nous le faisons dans nos écoles depuis un demi-siècle.
Les schémas programmés sont anéantis.
L’avenir est toujours devant nous. Mais il est bien heureusement illisible.
On ne pourra plus se (nous) persuader du contraire.
Les gestionnaires et autres managers clonés se retrouvent bien inutiles…
Et l’audace ou l’imagination ne s’apprennent pas.