Rester pieds nus dans le froid ne favorise pas le rhume… Les virus ne passent pas par-là !
La couleur rouge n’excite pas les taureaux … Ils voient en noir et blanc !
La citronnelle ne fait pas fuir les moustiques… Elle active et parfume les molécules qui le font !
Galilée n’a pas découvert que la terre est ronde. Nous le savions depuis l’antiquité… Mais qu’elle est en mouvement autour du soleil !
Et je pourrais continuer ainsi à l’infini.
Les idées reçues sont partout, envahissent notre quotidien et s’installent comme des évidences dans nos cerveaux. Après tout pourquoi pas. L’homme n’aime pas ne pas savoir, a besoin de certitudes pour se sentir bien, se sentir fort, se sentir maitre.
Oui, mais…
C’est à partir de ce qu’il sait, ou croit savoir, que l’homme décide. Et c’est à partir de ce qu’il décide que se dessine son lendemain, parfois même celui des autres.
Nos sociétés sont aujourd’hui structurées sur quelques croyances indestructibles, considérées comme des évidences, véhiculées par un arsenal de dictons et formules qui les insèrent dès notre plus jeune âge dans nos mécanismes de pensées et nos systèmes de décision.
Nos écoles, y compris les plus grandes, s’appliquent à former notre jeunesse pour la rendre plus alerte, plus agile, plus adaptée à ce qu’elles imaginent être notre futur. Pour cela, elles diffusent connaissances et méthodes destinées à réduire la part de doute de chacun au moment de la décision. Il importe de savoir, toujours plus, pour mieux justifier ou légitimer le choix qui s’impose. Ces connaissances et ces méthodes sont celles du moment, voire de la veille… Galilée serait banni tant par HEC que par Polytechnique.
Nos entreprises ne sont pas en reste. Lieu d’accueil privilégié de notre jeunesse, elles se disputent chaque année les meilleurs éléments à grands coups de promesses, de plans de carrière, de cafeteria, de baby-foot et de voitures bientôt électriques. Mais ces meilleurs éléments sortent des mêmes écoles que les moins bons, du même moule façonné par les mêmes croyances… Celles du moment.
Il n’est que de lire les copies d’une promotion sur un sujet pour se voir proposer 300 fois le même diagnostic, découvrir les mêmes analyses, se voir infliger les mêmes solutions et identifier – dans le meilleur des cas – les mêmes doutes ou scrupules.
Ainsi, tout le monde sait, croit ou pense que conquérir un client coûte plus cher que le fidéliser, que chaque entreprise doit se concentrer sur son cœur de métier (core business), que celles qui ne communiquent pas sont destinées à mourir, qu’un bon manager doit savoir montrer l’exemple ou faire le pari de l’intelligence collective.
Et si tout le monde se trompait ?
Et si chacun se posait quelques minutes pour faire le tri de ce qu’il croit, de ce qu’il sait, de ce qu’il voit, de ce qu’il veut, de ce qu’il a appris.
Toutes ces idées reçues se propagent comme des maladies incurables, portées par le discours faussement expert de quelques sommités péremptoires. Elles standardisent la pensée, les décisions, l’action. Elles paralysent tout.
Mais la résistance s’organise.