Pour communiquer, leaders politiques, marques, entreprises, ont emprunté les mêmes méthodes, les mêmes chemins, les mêmes miroirs de leur suffisance (in)consciente, donnant tous raison à Chomsky et sa fabrication du consensus, en tout cas pour un temps.
Mais les promesses ont fait long feu, parce que non tenues ou parce que les résultats vécus et perçus ne sont pas à leur hauteur.
Puis, le story-telling a fait « trois petits tours et puis s’en va » parce que l’herbe n’est pas plus verte ailleurs et que tout le monde le sait. Aussi parce que la sensation désagréable d’être hypnotisé accompagne toujours les contes de fées.
Je ne me sens pas si solidaire des « tribus » de consommateurs auxquelles on me rattache, ni même des électorats dans lesquels on me noie.
Alors, la transparence fut la pire des tentations, porte ouverte à toutes les indécences. Tout dire est pitoyable et au demeurant n’affranchit de rien. Savoir que tel dirigeant est infidèle ou telle entreprise arrangeante avec certains régimes ne les rend ni moins efficaces ni moins utiles. Surtout, l’ignorer ne me semble pas être une souffrance.
Enfin arrive l’impérieuse obligation de « la vérité ». Une forme de transparence, que nous appellerons sélective…
Mais comment accepter l’idée qu’il n’y en ait qu’une. Telle entreprise est à la fois premier pollueur et leader mondial des énergies renouvelables. Telle personnalité politique est à la fois excellent gestionnaire et condamné pour détournement.
Le « en même temps » s’impose !
Ainsi, de ruse en ruse, de réflexion en remise en question, d’ethnologie appliquée en sondage des cœurs, les spin-doctors et autres marketeurs n’ont-ils pas vu venir l’essentiel.
Communiquer, c’est établir une relation avec autrui…
Ce n’est pas organiser la manipulation.
Communiquer, c’est à dire émettre un message, est longtemps resté l’attribut d’une oligarchie partageant l’accès très réservé aux différents moyens de diffusion : AFP, publicité, media de toutes sortes et vocations.
…Etablir… C’est accepter la relation sans avoir seul la main sur son rythme, son intensité, ou son équilibre.
…une relation… C’est accepter l’existence de deux sujets égaux et respectables, reliés par un échange qu’ils ont choisi.
… avec autrui… C’est accepter l’importance de chacun, au-delà des catégories fourre-tout.
Nous sommes aujourd’hui, tous… en relation… avec tous.
Cette nouvelle donne permet à l’homme d’être en relation avec tous les autres, sans médiateur et sans contrainte… Sans doute la plus belle prothèse depuis l’invention de la roue. Je ne m’étends pas sur ce phénomène maintes fois étudié. Ses conséquences sont définitives : si chacun était hier récepteur, chacun devient aujourd’hui émetteur.
La communication n’est plus confisquée mais libérée, égalitaire et fraternelle…Voilà qui me rappelle quelque chose !
Et dans ce cadre, la sincérité de l’autre et la seule raison de ma relation avec lui.
Comment imaginer que les réflexes et postures communicantes d’hier puissent aujourd’hui fonctionner ! Diabolisation, victimisation, contre-feu thématique, langue de bois, désignation d’ennemi imaginaire, mensonge convaincu et répété, appel à l’histoire et aux anciens, … Effets de manche d’un autre siècle !